Les Abbayes
Écrit par Antonio MENDES DA PAULALes régions françaises ont un patrimoine exceptionnel à travers l'architecture religieuse. Les églises, les basiliques, les monastères, les abbayes et les cathédrales nous racontent une histoire de vie.
La Religion Chrétienne
Le développement de la religion chrétienne commence véritablement après la signature de l'édit de Milan en 313 en Europe. Il est encourragé de bâtir des lieux de culte afin de rassembler les chrétiens. En 380, le christianisme devient la religion de l'empire romain.
Au cours de la deuxième moitié du IVe siècle, un fort mouvement de création monastique va se développer en Occident. Saint Benoît de Nursie va éditer la règle monastique qui va se répandre dans tout l'Occident au cours du Moyen Age.
Au IVe siècle, le terme "Basilique" désignait un grand édifice public. Il existait des "Basiliques civiles" où les gens se rencontraient. A l'origine, les premiers chrétiens se réunissent dans des maisons pour célébrer leur foi. Avec le développement de la foi, il faut accueillir les nouveaux convertis dans un même lieu afin de célèbrer les reliques et les saints martyrs.
Les premières basiliques vont répondre aux nouveaux besoins des membres de l'église. Il faut rassembler les fidèles pour célèbrer la messe, il faut permettre à ces fidèles de se recueillir dans les cryptes afin de favoriser le culte des martyrs.
Au fil du temps, l'architecture des bâtiments religieux vont se structurer afin de répondre aux besoins des offices, .... à la disposition de la hiérarchie sociale dans les églises paroissiales et monastiques.
L'empereur Charlemagne va donner un nouvel élan à la chrétienté en Occident. Le pouvoir politique "civile" va s'impliquer dans le développement de la religion Catholique. Il va ordonner le baptême des enfants dans son empire.
La Cathédrale devient le siège de l'Evèque. Celui s'entoure de chamoine. Dans certains évêchés, l'Evèque peut avoir à son service + 50 chamoines.
En 816, le Concile d'Aix la Chapelle engage des travaux afin de réorganiser le vie des moines vers la prière et la liturgie. Dans les monastères, il est créé plusieurs lieux de prière. Au sein des grandes Abbayes comme l'Abbaye de Saint Gall en Suisse, on retrouve un espace de scolarisation des enfants.
A l'époque Carolingienne, le développement du culte des reliques est un franc succès. Il faut construire des nouveaux édifices religieux capables d'accueillir les fidèles en pélerinage. Le Concile de Chalon sur Saône en 813 va introduire la volonté politique de contraindre les villageois à s'attacher à une église paroissiale de proximité. Le baptême, la lecture des évangiles, la messe dite au défunt avec l'introduction du cimetière chrétien, .... doivent apporter des revenus à travers le versement de la dîme pour chaque acte chrétien donné au sein de l'église.
A partir du XIe siècle, les pèlerinages se développent. Au niveau architectural, l'art Roman se propage. On doit utiliser l'espace de la porte d'entrée comme un outil de communication à travers des scènes religieuses. L'idée directrice est de faire ressentir à chaque chrétien le passage de la porte de l'église "Maison de Dieu" comme la "porte du ciel".
La transmission des écritures doit être communiquée dans un langage simple à comprendre. On va utiliser les chapiteaux, .... les vitraux comme un support de bande dessinnée. La représentation d'un passage de l'évangile se réduit à un scène taillée dans la pierre ou dessinnée sur un vitrail.
Abbaye Saint Wandrille
Les premiers bâtiments de la futureAbbaye de Saint Wandrille de Fontenelle a été bâtie par les moines Wandrille et Gond à la demande de l'Evèque de Rouen. Le terrain où sera implanté la future communauté est cédé par un Maire du palais de Clovis II. Il est situé au bord du ruisseau près de la Seine dans la forêt de Jumièges en Haute Normandie. On est vers l'an 690.
Vers 740, des Abbés laïcs vont prendre la direction de cette abbaye. La vie monastique va s'écarter de la vie de prière selon la règle de Saint Benoît. A partir de 823, un renouveau spirituel est engagé par les nouveaux abbés. Les bâtiments sont restaurés et de nouveaux sortent de terre.
Les Vikingsfont des raids sur les côtes normandes. De plus en plus, il utilise la Seine pour remonter le fleuve et ainsi pénétrer dans l'intérieur des terres. Le 9 janvier 852,ils incendient et pillent l'abbaye. Les moines emportent les reliques de Saint Wandrille et de Saint Ansbert vers le Nord de la France, puis à Gand.
Une communauté se reconstitue à partir de Saint-Bavon de Gand, et vient en 960 avec l'Abbé Maynard, faire renaître la vie monastique à Fontenelle. L'abbaye souffre du départ prématuré en 966 de son Abbé, qui va en 966 implanter la vie monastique au Mont-Saint-Michel.
Après un accord avec le roi de France, les Vikings deviennent les nouveaux seigneurs de la Normandie. En 1006, Richard Ier, duc de Normandie, veut favoriser l'essor de la foi chrétienne. Il va commander à l'abbé Saint Gérard la reconstruction du monastère de Saint Wandrille. La noblesse normande va faire des dons afin de financer les travaux à entreprendre. On construit une nouvelle église abbatiale inaugurée en 1031.
En 1248, l'église abbatiale brûle. Le gros oeuvre de la nouvelle église sera achevée en 1331. On commence à entreprendre la reconstruction du cloître ..... La guerre de 100 ans va freiner l'avancer des travaux. L'insécurité gagne les campagnes ... parfois les religieux doivent aller se réfugier dans leur hôtel à Rouen pour échapper à la mort.
En 1494, les travaux des 3 galeries du cloître sont repris. En 1562, le monastère est à nouveau pillé par les troupes huguenotes.
Les bâtiments ne sont plus entretenus, vers 1630, l'abbé va négocier l'arrivée d'une nouvelle congrégation au monastère. En 1636, 15 mauristes deviennent les vrais acteurs de la reconstruction des bâtiments et de la ferveur chrétienne.
Le 13 février 1790, l'Assemblée constituante supprime les voeux solennels de religion ; quatre jours plus tard le dernier prieur mauriste est élu maire de la commune, avant de devenir curé constitutionnel, membre de la Convention puis du Conseil des Cinq-Cents.
En octobre 1790, l'activité des religieux s'arrête. Les bâtiments sont vendus en 1791 comme biens nationaux, et utilisés comme ateliers, ou pour l'église abbatiale comme carrière de pierres.
Il est à noter que beaucoup de monastères et châteaux furent vendus comme biens nationaux ..... souvent les pierres ont servi à la construction des maisons des villageois de proximité.
En 1863, lemarquis de Stacpoole rachète une partie de l'ancien domaine, en particulier, il clôture l'abbaye, et il transforme les bâtiments religieux en résidence de campagne. En 1894, le domaine est mis en vente.
L'Archevêque de Rouen négocie son rachat pour réimplanter la vie monastique dans son diocèse.
En France, la séparation de l'Etat et de la religion est prononcéeen 1900. En 1901, les 37 moines bénédictins du monastère s'exilent en Belgique.
Le 26 janvier 1931, la communauté est de retour à Saint Wandrille. En 1937, il est décidé d'ouvrir un atelier de fabrication d'encaustique afin de dégager des nouveaux revenus au monastère. Vers 1970, il existe une demande des industriels normands émanant des bureaux d'études pour mettre les plans des produits et installations sur microfiche. Le monastère va créer un nouveau atelier de microcopie.
Les revenus dégagés et les dons permettent l'acquisition d'une ancienne grange seigneuriale du 13e sièclequi sera entièrement démontée dans l'Eure et remontée à Saint Wandrille. Elle est transformée en église abbatiale.
On vous recommande les achats des produits et artisanaux fabriqués par les moines. Le site http://www.comptoir-des-abbayes.fr/ est une bonne piste à découvrir.
Abbaye Saint Wandrille Fresques
La scolarisation obligatoire est très récente, en réalité, les personnes ne maîtrisaient pas la lecture. Il a été nécessaire pour répandre la foi d'utiliser un langage simple compréhensible par des personnes illettrées.
On a utiliser le dessin, la peinture à travers des sculptures, des vitraux .... pour raconter les cycles narratifs de la vie des Saints.
Le symbolique est nécessaire à la compréhension. Cependant, on remarquera l'absence de certaines têtes, les Huguenots et la Révolution française ont oeuvré pour effacer de la mémoire collective des personnages ou des symboles.
Sur les façades principales des bâtiments, on utilise l'espace des frontons afin de représenter à travers des masques une décoration symbolique.
Chaque élément représenté est un code symbolique compréhensible par les initiés.
Les ordres monastiques avaient chacun un symbolique propre.
Dans les monastères, en fonction des lieux liturgiques, les décorations avaient aussi pour fonction de ne pas "distraire" le moine de sa vie pastorale. Elle devait lui rappeler à travers les scènes, le déroulement de sa vie monacale.
Abbaye de Cluny
Vers l'an 910, le duc Guillaume, Comte de Macon et Comte d'Auvergne, « pour l'amour de Dieu et du Christ sauveur, je donne certains de mes biens aux apôtres Pierre et Paul, à savoir le domaine de Cluny avec sa cour, sa réserve et la chapelle dédiée à Sainte Marie Mère de Dieu et à Saint Pierre prince des apôtres, avec tout ce qui dépend en fonds, chapelles, serfs, vignes, champs, prés, bois, plans d'eau et rivières, moulins, voies d'accès et de sorties, terres cultivées et incultes, ... Tous ces biens sont sis dans le comté de Mâcon ou alentour. »
La charte de la fondation de Cluny place directement l'Abbé de Cluny sous l'autorité du Pape. Le don est fait « aux apôtres Pierre et Paul ».
Le comte impose enfin le respect de la règle bénédictine et attend que les moines prient pour son Salut :
"Je fais ce don stipulant qu'un monastère régulier devra être construit à Cluny [...], dont les moines vivront en communauté selon la règle du bienheureux Benoît.[...] Que soit ainsi établi en cet endroit un asile de prières où s'accompliront fidèlement les vœux et les oraisons. Que soit ainsi recherché et poursuivi, avec une volonté profonde et une ardeur totale, le dialogue avec le ciel. Que des prières, des demandes et des supplications y soient sans cesse adressées au Seigneur tant pour moi que pour tous ceux dont j'ai précédemment évoqué la mémoire...".
Le moine Bernonarrive avec 12 frères de deux monastères jurassiens (Baume et Gigny). Ce moine a été formé au monastère de Saint Martin d'Autun. Les moines oeuvrent à la prospérité du domaine. Les moines vont convaincre les seigneurs de donner des terres à cette communauté. Les seigneurs de Brancion, Beaujeu, Aquin, .... vont se laisser convaincre. Les revenus de la Communauté monastique augmentent par le travail des serfs sur les terres agricoles des différents domaines. A la mort de l'Abbé Bernon, en 927, l'abbé Odon est nommé. Il va créer un mouvement spirituel à partir de la règle de Saint Benoît. La prière devient la principale activité de l'Abbaye de Cluny. Ce courant spirituel va se propager dans toute l'Europe et à Rome.
Le Pape Jean XI va contribuer à son rayonnement en la nommant "Chef d'ordre". Cette distinction va lui permettre d'essaimer des monastères dans toute l'Europe.
Aujourd'hui, on peut contempler au-dessus de la porte d'entrée, le blason à deux clefs d'or en sautoir, traversées d'une épée à lame d'argent avec sa poignée en or. La clef et l'épée font référence respectivement à Saint Pierre et Paul de Tarse auxquels l'abbaye est consacrée
Lors de nos précédentes visites, on a été choqué de voir l'état lamentable des galeries et du bâti. Notre visite du 18 septembre 2010, nous a étonné par la qualité de la restauration de l'Abbaye. Les nouvelles installations s'insèrent sur le bâti millénaire sans coquer. Les visiteurs bénéficient d'un parcours sécurisé au sein des bâtiments.
Les maquettes ici et là permettent de visualiser la dimension exceptionnelle de l'Abbaye. Aujourd'hui, il ne reste qu'une petite partie visible de la grandeur de l'Abbaye de 1100. Le développement des pèlerinages au Moyen Age a guidé les chrétiens vers le site de Cluny. Son rayonnement spirituel attire de plus en plus de chrétiens vers ce lieu. La 1ère église devient trop petite, on construit une nouvelle église d'une taille plus importante afin d'accueillir les pèlerins et d'améliorer les lieux de prière des moines.
En 1088, l'abbé Hugues de Semur pose la 1ère pierre de la nouvelle église baptisée "Maior Ecclesia", appelée Cluny III. Sa nef mesure 187 mètres de long, elle est la plus grande des églises construites dans le monde. En 1095, un ancien moine de Cluny, devenu le Pape Urbain II, vient l'inaugurer.
Abbaye de Cluny Expo
Le résultat des différentes recherches archéologiques sur le site est exposé dans l'un des bâtiments sur 2 étages. Les différents Abbés ont développé une grande activité spirituelle auprès des moines.
Les premières abbayes se sont consacrées à l'écriture des premiers manuscrits de la chrétienté. Après cette période, les abbayes se sont échangées ces documents. L'un des travaux des moines été la copie de ces manuscrits. Ils rédigeaient des manuscrits afin de raconter les passages de apôtres sur terre. Les différentes rencontres des Saints sont illustrées à travers des manuscrits enluminés. La réputation d'un monastère provenait en partie de la qualité de production de ses manuscrits.
Le scriptorium est le lieu où les moines rédigent les ouvrages et les copies. On a retrouvé des éléments qui attestent que le grand catalogue de l'Abbaye était constitué d'environ 570 livres au XIIe siècle.
L'illustration graphique est privilégiée à cette époque où la très grande majorité de la population (noblesse, bourgeois, serfs, ..) sont illettrées. Les scènes choisies doivent être symboliques. La mise en scène de chaque détail doit permettre de véhiculer le message de la chrétienté.
Pour la petite histoire, le traité de l'organisation monastique De Institutis coenobiorum, recopié d'après un texte du Ve siècle du moine Jean Cassien, par un moine de l'Abbaye a disparu pendant plusieurs siècles. Il a été repéré lors d'une vente aux enchères chez Drouot en 2008. L'Etat français l'acquière et il vient rejoindre le fonds documentaire de la Bibliothèque Nationale de France (BNF).
Souvent les Abbés de Cluny étaient des personnes issues de la haute noblesse. Par exemple, l'Abbé Mayeul était devenu un proche du Roi de France Hugues Capet et de l'Impératrice Adélaïde épouse de l'Empereur d'Allemagne Othon 1er et roi d'Italie.
Les Abbés et les moines de Cluny ont eu un rôle politique dans l'Europe médiévale.
Les reliques sont un élément très important au Moyen Age pour attirer les pèlerins. L'abbaye de Mozac va donner le reliquaire de Saint Culmin. La possession d'une relique permettait d'organiser des processions à l'extérieur de l'abbaye.On estime à environ 1.000 reliques le trésor de l'Abbaye.
Les statues montrent l'importance des hôtes de passage à Cluny pour venir prier dans ce lieu de culte.
On retrouve aussi des scènes religieuses mettant en scène des moines, des abbés, ....
On ressent l'importance de la vie spirituelle dans l'ordre clunisien.
Abbaye de Cluny Bâtiment
Le projet de construction de la nouvelle église "Maior Eclesia" va endetter l'Abbaye de Cluny. Elle va devoir emprunter de l'argent auprès des riches marchands de Cluny et de Macon. Le roi de Castille, Ferdinand et Alphonse de Castille vont participer au financement de ce projet.
Cette construction est devenue nécessaire pour accueillir les pèlerins de plus en plus nombreux et par le nombre croissant des moines, à l'apogée, il y a + 10.000 moines dans l'ordre clunisien. Les nouveaux ordres religieux comme les Cisterciens commencent à affaiblir le rayonnement spirituel et politique de l'Abbaye de Cluny.
L'architecte Hézelon de Liège va proposer les plans de la nouvelle église imaginée par le moine Gunzo.
Les travaux commencent en 1080. En 1095, le Pape Urbain II consacre deux pierres d'autel et 3 chapelles au milieu du chantier. En 1130, la nef est fermée, mais les bâtiments sont encore en travaux: le bras nord du transept, les tours et l'avant-nef sont, au mieux, commencés à cette date. Le chantier s'arrête au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle à cause des difficultés financières. Le chantier reprend au début du XIIIe siècle; Les travaux de l'Avant-nef sont terminés en 1220 par l'abbé Rolland Ier de Hainaut, entre-temps, on est passé du style Roman au style Gothique.
On utilisant les techniques modernes de communication, on a recomposé un lieu dans le prolongement du bâti existant.
La hauteur est impressionnante. La voute du clocher culmine à .... 33 mètres. On remarque la beauté des piliers avec ses chapiteaux sculptés où l'art Roman s'exprime.
La maquette à travers ses coupes, nous démontre le caractère exceptionnel de l'édifice religieux.
Au rez de chaussée, la représentation à l'échelle des moines, nous indique la dimension exceptionnelle de cette construction du Moyen Age.
L'abbé Odon de Cluny va obtenir le droit de battre la monnaie vers 940. Le développement spirituel engagé par l'église de Cluny va attirer un nombre important de monastères bénédictins dans l'ordre clunisien. Les monastères font des dons au moment de se rapprochement. L'abbé Mayeul va oeuvrer avec les Rois et les Empereurs afin de créer des monastères en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Suisse, en Espagne. A son apogée, l'ordre clunisien compte + 1.200 monastères avec 10.000 moines dans toute l'Europe.
Abbaye de Cluny Ornement
On retrouve dans la salle d'exposition du haut, le schéma d'implantation des éléments de décoration à partir d'une recomposition des pièces retrouvés ici et là lors des fouilles archéologiques.
Les principales pièces sont exposées et mise en valeur à travers un éclairage adapté. On découvre la richesse artistique de l'Abbaye de Cluny. L'art Roman est très présent à travers les peintures murales, les sculptures des chapiteaux, les enluminures, ....
La grande abbatiale devait être décorée de manière somptueuse afin d'émerveiller le fidèle.
Au Moyen Age, les premières basiliques étaient assez austères, les architectes et les personnes en charge des bâtiments religieux ont recherché une solution à travers les éléments de la décoration pour embellir la présentation de la chrétienté.
Par exemple, l'Agneau Pascal de Cluny, sculpté dans une pierre de 90 centimètres de diamètre est daté du XIIème. Il est inscrit : "HIC PARVUS SCULPOR AGNUS, IN CELO MAGNUS" traduction :"Ici je suis sculpté comme un petit agneau, au ciel je suis Grand".
Le blason de Cluny est composé à partir des représentations symboliques de l'apôtre Pierre et de Paul de Tarse. L'ordre clunisien a été créé par son 1er donateur avec cette condition. On retrouve deux clefs en sautoir, traversées d'une épée.
Les tailleurs de pierre ont utilisé l'art Roman, l'art médiéval de l'époque, afin de représenter des scènes de la vie quotidienne, de la vie religieuse, .... avec parfois une note d'humour dans la manière de la représentation visuelle de la scène. Le tailleur avait une certaine liberté artistique. Les scènes racontaient à la manière d'une bande dessinnée le déroulement de la vie à l'abbatiale pour les moines. L'ordre clunisien à son apogée pouvait rassemblée plus de 1.000 moines dans son église Cluny III.
Les représentations sculptées étaient différentes en fonction du public visé (Religieux ou Fidèle).
En 1045, le prieuré de Saint Sauveur près de Nevers est donné à l'ordre clunisien. Le tympan ci-dessous est resté pendant des siècles dans ce prieuré. Au XIXe siècle, les bâtiments sont en ruine, le tympan est sauvé, il fait maintenant parti du fonds du Musée de Nevers.
Voici une reconstitution d'une mosaïque romane où l'on trouve des animaux mythiques représentés.
On vous recommande cette passionnante visite à travers l'univers religieux et artistique du Moyen Age.
Abbaye de Fontenay
L'abbaye de Fontenay a été fondée en 1119 par l'Abbé Bernard de Clairvaux de l'ordre des Cisterciens. Après donation du terrain, les moines font faire bâtir un monastère de style Roman cistercien. Son implantation a été choisie en fonction des rivières et des bois environnants.
L'abbé Bernard de Clairvaux fait nommer son cousin l'abbé Geoffroi de la Roche Vanneau, comme 1er Abbé de la future abbaye de Fontenay. Des liens étroits unissent les deux hommes depuis l'Abbaye de Cîteaux.
En 1170, le Pape Alexandre III accorde le privilège aux moines de l'Abbaye d'élire leur 1er Abbé et la confirme la possession de ses terres autour du l'abbaye.
Les premiers bâtiments sont ornés en respectant la règle cistercienne. La décoration est sombre et le confort de l'habitacle est stricte.
Au XII et XIIIe siècle le rayonnement de l'Abbaye est grande. Au niveau économique, il est développé une activité métallurgique. Un logis abbatial est construit plus confortable pour les Abbés nommés par le Pape de Rome.
L'église abbatiale a été construite entre 1127 et 1150. Sa longueur mesure 66 m et le transept 19 m. Au niveau de la largeur de la nef, elle fait 8 m. Son architecture respecte la règle cistercienne.
En 1269, l'Abbaye accède au titre d'Abbaye Royale par le roi de France Saint Louis.
La statue de la Vierge et l'Enfant provient d'un cimetière voisin. Elle a été mise en valeur dans ce site.
Abbaye de Fontenay Le Cloître
Le cloître qui est une galerie couverte, avait été conçu sur la forme géométrique presque d'un carré. Les mesures réelles sont 36 x 38 m. La galerie la plus importante est celle qui mène de l'église abbatiale à la salle capitulaire.
Au coeur de l'Abbaye, il y a le jardin de détente. Un espace réservé à la méditation et à l'harmonie.
La salle capitilaire est le lieu de vie de l'Abbaye. L'abbé ou l'un des moines lisait un chapitre des évangiles ..... régulièrement, on lisait les régles de Saint Benoît puis les moines débattaient avant de prendre une décision.
Le dortoir a été brûlé au XVe siècle. La charpente a été reconstruite en s'inspirant de la construction navale. Il n'y a pas de chambre individuelle, le moine dormait sur une paillasse à même le sol.
a+
Abbaye de Fontenay La Fonderie
L'activité de la métallurgie a été développée à partir du XIIe siècle. La colline voisine de l'Abbaye était riche en minerai de fer. Les moines ont utilisé la rivière pour actionner la roue qui permettait d'actionner un marteau pilon.
La forge vient compléter l'équipement nécessaire pour "travailler" le métal. Les dimensions du soufflet sont impressionnantes.
A la sortie du bâtiment "industriel", il y a un bassin d'eau avec plusieurs cascades.
On termine la visite par un musée où il y a différents éléments de décoration.
On voit aussi le four à pain. A son apogée, l'Abbaye comptait plusieurs centaines de moines.
Aujourd'hui, ce lieu a été restauré par la famille d'Edouard AYNARD depuis 1906. La restauration entreprise avec contituité respecte l'architecture médiévale.
Un lieu spirituel à découvrir au coeur de la Bourgogne dans l'Yonne.
Abbaye de Vézelay
L'ancienne église abbatiale de l'Abbaye de Vézelay est devenue un haut lieu de pèlerinage au Moyen Age sur la route de Saint Jacques de Compostelle. A l'origine, un monastère est créé dans la vallée verdoyante vers 859. Les raids des Vikings vont descendre sur la Seine, puis l'Yonne et la Cure. Le monastère est pillé.
Les moines décident de reconstruire le monastère sur la colline de Vézelay pour mieux assurer leur sécurité. La nouvelle église est édifiée en 878.
L'invasion des Sarrasins menace la Provence. Il est décidé de mettre en sécurité les reliques de Marie Magdala à Vézelay en 882. En 1037, il est exposé aux fidèles les reliques de Marie Madeleine. Cette relique attire des fidèles de plus en plus nombreux dans l'église abbatiale. On attribue des miracles ..... depuis la fréquentation est devenue importante, il est urgent d'agrandir l'église abbatiale. Vers 1050, l'abbaye de Vézelay est rattachée à l'Abbaye de Cluny.
Une petite cité se développe au pied du monastère. De plus en plus de seigneurs viennent prier dans ce lieu.
La cité s'organise pour recevoir les fidèles qui viennent de toute l'Europe médievale.
La Maison du Visiteur est une bonne adresse à découvrir pour connaître l'Histoire de la basilique de Vézelay. Cette découverte du patrimoine religieux est payante.
Maison du Visiteur Place Adolphe Guillon 89450 Vézelay Tél: 03.86.32.35.65 E-mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Horaires: durée de l'atelier 1h15 + 45 min avec le cheminement dans la basilique
Tarifs: atelier découverte adulte 10 €, jeune (13 à 24 ans) 7 €, pèlerin 7 €, enfant (7 à 12 ans) 6 € & 5 € avec l'option cheminement dans la Basilique
Après plusieurs incendies dans l'ancienne église, il est décidé de construire une basilique sur l'ancien emplacement afin d'accueillir un plus grand nombre de pélerins. Les travaux vont s'étaler dans le temps du XII au XIIIe siècle. L'influence architecturale de l'ordre de Cluny est très présent.
Le financement du chantier va se faire à travers la perception de l'impôt sur les revenus agricoles (dîme) de l'abbaye mais aussi par l'intermédiaire d'une tournée de la relique pour inciter les fidèles à contribuer au financement du nouveau lieu de culte.
L'église, la basilique, la cathédrale sont des lieux de rassemblement des fidèles. Elles doivent contribuer à la diffusion de la parole du christianisme à travers la lecture des évangiles et l'imagerie. Chaque lieu de prière doit "raconter" des scènes des saintes écritures sur les statuaires puis plus tard sur les vitraux. La présence d'un relique doit diffuser l'idée de la continuité du message du Christ sur terre.
La façade à quatres étages est constituée de pierres de carrières locales.Sur le tympan du portail, il est sculpté une scène représentant un moment fort de la chrétienneté: le Jugement dernier.
Les artisans d'art sont recherchés comme les sculpteurs, les tailleurs de pierre pour réaliser les motifs d'ornement et la construction de la basilique. Le rapprochement avec l'abbaye de Cluny va permettre aux meilleurs artisans d'art d'oeuvrer à Vézelay.
Au Moyen Age, la représentation symbolique du message biblique était aussi sculptée sur les chapiteaux. On dénombre environ 150 scènes sculptées d'art roman dans l'ensemble du bâtiment. Au Moyen Age, ce nombre est exceptionnel.
Chaque petite scène raconte comme une bande dessinée une courte histoire. Au Moyen Age, le peuple n'avait pas accès à l'écriture et aux illustrations. L'église en s'appropriant ce moyen d'expression se donne un outil de communication. Chaque abbaye choisit la thématique biblique à développer en fonction de son ordre religieux. Cependant, il est toujours rappelé le rôle de l'église comme le médiateur universel vers le paradis (le salut).
Au niveau architectural, les travaux ont commencé sous l'art roman pour se terminer sous l'art gothique. En France, à partir de 1140, une nouvelle architecture religieuse se répand. Elle permet de bâtir des bâtiments plus hauts avec des murs moins épais. On peut faire pénétrer la lumière par des vitraux.
A Vézelay, la nef mesure 62,50 m de longueur. Elle s'élève sur trois niveaux avec une hauteur totale de 18,50 m. On remarque les arcs de style roman au rez de chaussée avec des chapiteaux sculptés. En entrant, le fidèle est guidé par cette lumière qui conduit à l'autel. Le choeur et le transept sont de style gothique.
On peut noter que les travaux de restauration sont toujours en cours. Cette restauration de qualité permet de bien distinguer les détails taillés dans la pierre. Il est nécessaire d'entreprendre régulièrement des travaux de restauration pour conserver un patrimoine exceptionnel ouvert au public.
Le choix d'utiliser différents types de pierre pour obtenir une décoration intérieure alternant les couleurs sur les arcs de cercle, est une belle réussite architecturale.
Au niveau des collatéraux de la nef, on est frappé par l'état de la pierre. Il est urgent de restaurer ces éléments d'architecture du batiment.
Le déclin de l'Abbaye a commencé par la remise en cause de la possession des ossements de la Sainte Marie Madeleine. En 1279, le fait est établi. La Papauté prend acte. Les pèlerins se détournent de ce lieu de prière. Les recettes ne permettent plus à l'abbaye de faire face à toutes les dépenses de l'abbaye. Une partie des batiments sont à l'abandon.
A la Révolution française, en 1790, l'église abbatiale devient une simple église paroissiale et l'abbaye est vendue comme bien national. Elle devient une carrière de pierres. On remarque le passage des "révolutionnaires" par les têtes coupées dans ce tableau.
Une église est un lieu de prière et de recueillement. Les statues des Saints et des Saintes permettent aux fidèles et aux religieuses de prier en paix.
En 1840, l'église est classée monument historique. Des travaux importants de restauration sont entrepris sous la direction Eugène Viollet le Duc. Ils vont s'achever en 1876 avec la remise des reliques de la Sainte Marie Madeleine. En 1920, elle est devient Basilique.
Aujourd'hui, le pèlerinnage a repris. La basilique est redevenue un haut lieu de prière sur la route de Sainte Jaques de Compostelle. Les Fraternités Monastiques de Jérusalem assure les moments de prière.
Basilique Sainte Marie Madeleine de Vézelay 89450 Vézelay Services des visites Tél: 03 86 33 39 50
Horaires: Ouvert tous les jours de 7h à 20h sauf le lundi à 8h
Tarif: entrée libre & gratuit
Abbaye de Sénanque
Sur la route pour aller à l'Abbaye de Notre Dame de Sénanque, vous passez à proximité du village de Gordes est l'un des plus beaux villages de France. On attribue aux celtes la création d'une place forte défensive au sommet d'un promotoire en calcaire. Les Romains vont s'y installer. Ils vont investir la région et sécuriser leur implantation. Gordes s'enrichit de construction. Au Moyen Age, Guillaume d'Agoult, seigneur de cette région fait fortifier tous les villages environnants, et en particulier, le château de Gordes. Sa lignée va continuer les travaux de fortification du château. Il va devenir le château médiéval le plus imposant. Il est le fief des marquis de Simiane puis des ducs de Soubise et au XVIIIe siècle des princes de Condé.
Au XIIIe siècle, un différent oppose le seigneur de Gordes au Roi de France. Celui-ci se rapproche de la Maison de Savoie. A la meurt du Roi René 1er de Naples, le comté de Provence est rattaché au royaume de France.
L'Abbaye de Notre Dame de Sénanque est située à l'écart de la civilisation. A partir de Gordes, on suit une route escarpée puis un chemin. Il y a un parking devant un champ de lavandin. L'Abbaye du style architectural cistercienne primitive se dégage du fond de la vallée ... ses pierres blanches lui donnent une certaine allure .... les visites commentées expliquent la vie abbatiale à travers l'histoire des bâtiments et de l'essaimage religieux du Moyen Age. On peut acheter les produits fabriqués par les moines cisterciens
Le Père Prieur et la communauté des moines cisterciens de Notre-Dame Sénanque accueillent pour un temps de retraite spirituelle à l'Abbaye. Il y a un service"hôtellerie" qui permet d'assurer l'hébergement sur place. Les retraitants sont conviés à participer aux offices de la communauté selon le rythme qui leur convient. Laudes, la Messe, les Vêpres et Complies sont les temps forts de la journée monastique. Les repas sont pris en silence. Au niveau du coût, il faut compter 30 €/jour.
L'Abbaye a été épargnée des saccages grâce à son isolement géographique. Elle a été fondée en l'an 1148 à l'initiative de l'évêque de Cavaillon. En 1544, en pleine guerre des religions, l'Abbaye est incendiée, le bâtiment des convers est détruit. A partir de ce moment, les moines vont déserter ce lieu difficile d'accès. Lorsqu'un moine doit se déplacer, il doit prendre un âne ....
A la Révolution française, elle est vendue comme bien national. Cependant, sa difficulté d'accès va lui permettre d'éviter le pillage des pierres de ses bâtiments. Vers 1850, le bien est racheté par un ordre religieux. Depuis, des nouveaux bâtiments ont accompagné l'accroissement de la vie monastique. En 1988, les moines cisterciens sont de retour. La première route goudronnée est réalisée dans les années cinquante.
L'implantation de l'abbaye respecte les préceptes de Saint Benoit " le monastère détienne toutes les choses nécessaires : eau, moulin, jardin, boulangerie et les divers métiers en sorte que les moines n’aient aucune nécessité de courir au-dehors, ce qui n’est aucunement avantageux à leurs âmes.". On remarque les toitures en lauzes.
Le plan permet aux visiteurs de s'orienter vers les installations réservées au public.
Le cloître de style roman est un lieu agréable à fréquenter lorsque les chaleurs estivales de l'été sont pesantes. Les chapiteaux sont taillés à feuilles d'eau ce qui est l'ornement utilisé au XIIe siècle dans les abbayes cisterciennes. Il est représenté des motifs végétaux.
L'affiche permet de s'informer du rythme journalier des moines dans ce lieu de vie et de prière.
Le dortoir est sombre, il n'y a pas de meuble. La lumière pénètre par la rosace et elle illumine l'endroit d'une couleur vive et apaisante.
La Vierge à l'enfant est l'une des rares sculptures dans l'Abbaye.
Cette pièce chauffée servait aux moines comme scriptorium pour rédiger les bibles avec les enluminures et les miniatures. La réputation dans le monde chrétien dépendait de la qualité des illustrations des textes bibliques. Une cheminée conique permettait de disposer les troncs d'arbres à la verticale. Cette salle avait à l'origine 2 cheminées.
La salle capitulaire est le lieu où la Communauté religieuse se réunit pour débattre sur le déroulement de la journée monastique, ...
La carte postale traditionnelle montre l'Abbaye avec son champ de lavandin, cependant en fonction de l'époque de la visite l'environnement agricole du lieu peut être différent.
Les moines lancent à nouveau un appel aux dons pour collecter la somme d'environ 2 millions € pour réaliser les travaux de restauration nécessaires à la conservation de ce patrimoine d'exception.
En 1969, la Communauté monastique s'est réduite à 3 moines ce qui conduit à l'incapacité d'entretenir l'Abbaye. En conséquence, le patrimoine immobilier est en péril. L'industriel Lyonnais Paul Berliet s'engage à restaurer le lieu sur une période de 30 ans et de rétrocéder l'Abbaye à l'ordre cistercien de Lérins à la fin du bail. Les importants travaux de restauration du lieu de prière sont réalisés. En 1988, avant l'échéance du contrat emphytéotique, Paul Berliet remet à l'ordre religieux l'Abbaye pour le retour des moines cisterciens.
Abbaye Notre Dame de Sénanque 84220 Gordes Tél: 04.90.72.18.24 E-mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. Coordonnées GPS de l’Abbaye : 43.931533, 5.189041
Horaires: du Lundi au Samedi de 10h00 et 11h30 ( dernière entrée à 11h ) et entre 14h et 17h ( dernière entrée à 16h30 ), le Dimanche : Absence de visites non guidées en matinée, la messe est célébrée à 10h dans la chapelle d’hiver. L’après-midi, visite possible entre 14h et 17h. Dernière entrée à 16h30.
Attention La nef centrale de l’église reste visible mais demeure inaccessible dans l’attente des travaux de consolidation.
Tarifs: adulte 7,50 €, étudiant (18 à 25 ans) 5 €, enfant ( 6 à 17 ans) 3,50 €, enfant (- 6 ans) gratuit
Le parking visiteurs est gratuit. Il se situe à 5 minutes à pied de l’Abbaye.
Hôtelerie: Tél: 04.90.72.17.92 E-mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Nous vous informons de la fermeture annuelle de l’Hôtellerie jusqu’au 19 Février 2019.
La durée du séjour maxi pour un temps de retraite est de 8 jours.
Nous vous remercions de prévoir votre arrivée du Mardi au Dimanche :
· Le matin entre 9h et 11h
· L’après-midi entre 15h et 16h30
· Le Dimanche avant 12h ou à 17h30
Tarif: 30 €/jour